Voici tout d’abord quelques conseils élémentaires concernant la méditation. Lorsque vous méditez chez vous, réservez pour votre méditation un coin de votre chambre, un endroit sacré, absolument pur et sanctifié. Sur votre autel, vous placerez une photographie de votre maître spirituel, ou du Christ ou bien de toute autre personnalité spirituelle que vous aimez et que vous considérez comme votre maître. Si vous êtes mon disciple, ce sera ma photographie transcendantale, où je suis absolument uni avec mon Guide intérieur. Lors de votre méditation individuelle quotidienne, essayez de méditer seul. Cette règle ne s’applique pas aux couples suivant l’enseignement d’un même maître spirituel. Mari et femme peuvent alors méditer ensemble. De même, des amis spirituels très proches, qui se comprennent parfaitement dans leur vie intérieure, peuvent méditer ensemble. Mais en dehors de ces deux cas précis, il n’est pas recommandé de s’associer à d’autres lors de sa méditation quotidienne individuelle. La méditation collective joue elle aussi un rôle important, mais pour ce qui est de votre méditation individuelle, il vaut mieux la pratiquer dans l’intimité de votre propre autel.
Avant de commencer à méditer, il est utile de prendre une douche ou un bain. La purification du corps est en effet absolument nécessaire pour que celle de la conscience puisse avoir lieu. S’il vous est impossible de prendre une douche ou un bain, lavez-vous au moins le visage et les pieds. Il est également préférable de porter des vêtements clairs et propres. Faites brûler de l’encens et disposez quelques fleurs devant vous. Cela aussi pourra vous aider. Certains diront qu’il n’est pas nécessaire de s’entourer de fleurs pendant la méditation. Selon eux, « la fleur est en nous, le lotus aux mille pétales est en nous ». Mais la fleur qui est devant vous vous rappelle la fleur intérieure. Sa couleur, son parfum et sa pureté vous procurent un peu d’inspiration. Or c’est de l’inspiration que l’on obtient l’aspiration, et de l’aspiration que l’on obtient la réalisation. Il en va de même pour l’usage des bougies. La flamme d’une bougie ne peut, en soit, faire naître en vous l’aspiration. Cela est le rôle de la flamme intérieure. Mais lorsque vous regardez la flamme extérieure, vous pouvez sentir aussitôt que la flamme de votre être intérieur s’élève elle aussi au plus haut. Lorsque vous respirez le parfum de l’encens, cela ne vous procure peut-être qu’une once d’inspiration et de purification. Mais cette once vient s’ajouter à votre trésor intérieur. Ces détails extérieurs n’ont bien sûr aucune valeur pour celui qui est sur le point de réaliser Dieu, ou qui L’a réalisé. Mais si vous savez que vous êtes encore loin de la réalisation de Dieu, ils feront croître votre aspiration.
Selon les visionnaires, les sages et les maîtres spirituels indiens, l’heure la plus propice à la méditation se situe entre trois et quatre heures du matin. On l’appelle Brahma Muhurta, l’heure du Brahman, l’heure idéale. Mais ici en Occident, si vous vous couchez tard, il sera préférable pour vous de méditer vers cinq heures et demie ou six heures du matin. L’heure précise doit être fixée selon les cas et selon la capacité de chacun. Il s’agit là de la première méditation de la journée.
Si vous pouvez méditer à nouveau une dizaine de minutes entre midi et midi et demi, c’est parfait. Mais cette méditation ne peut se pratiquer dans la rue. Un jour viendra où vous pourrez méditer n’importe où, lors de n’importe quelle activité. Mais pour l’instant, il est préférable pour vous de méditer à l’intérieur, dans un endroit approprié. Plus tard, au déclin du jour, vous pouvez méditer dix minutes. Sentez que vous ne faites plus qu’un avec le soleil, avec la nature cosmique. Vous avez joué votre rôle de manière satisfaisante pendant la journée et vous allez maintenant prendre congé. Tel doit être votre sentiment.
Enfin, méditez au moment de vous retirer pour la nuit. Il est toujours préférable de se coucher vers onze heures du soir. Mais la nécessité ne connaît pas de loi. Si vous êtes obligé de travailler la nuit, cela est sans gravité.
Lorsqu’on médite, il est important que la colonne vertébrale reste droite et que le corps soit détendu. Car si le corps est raide, les qualités divines et épanouissantes qui s’écoulent en lui et à travers lui durant la méditation ne pourront être assimilées. Il faut aussi éviter – ce qui du reste se fait automatiquement – les positions inconfortables. Lors de la méditation, votre être intérieur vous fera spontanément adopter une position confortable, qu’il vous suffira alors de conserver. L’avantage principal de la position du lotus est qu’elle permet de garder la colonne vertébrale bien droite. Mais elle n’en favorise pas pour autant la relaxation du corps. Aussi la position du lotus n’est-elle pas du tout indispensable à la méditation. De nombreuses personnes méditent fort bien assises sur une chaise. Certains aiment méditer dans la position allongée. Mais je dois vous dire que cela n’est pas du tout à conseiller aux débutants, ni même à ceux qui méditent depuis plusieurs années. Cela ne peut convenir qu’aux chercheurs les plus avancés et aux âmes réalisées. Si d’autres personnes essaient de méditer allongées, elles ne feront qu’entrer dans le monde du sommeil, ou partir à la dérive dans une sorte d’assoupissement intérieur. De plus, la respiration dans la position couchée n’est pas aussi satisfaisante que dans la position assise, puisqu’elle n’est ni consciente ni contrôlée.
Mes disciples me demandent souvent s’ils doivent méditer les yeux ouverts. Je dois dire que dans quatre-vingt dix-neuf pour cent des cas, ceux qui ferment les yeux pendant leur méditation s’endorment. Ils méditent cinq minutes, puis passent les quinze suivantes dans le monde du sommeil. Il n’y a là aucune énergie dynamique ; seulement une léthargie ou un laisser-aller qu’ils ressentent comme une sorte de sensation douce et apaisante. De temps à autre, par la grâce miraculeuse de Dieu, ils reviennent à eux et méditent à nouveau pendant deux ou trois minutes.
En réalité, il est préférable de méditer les yeux mi-clos. De cette manière, vous êtes à la fois la racine de l’arbre et sa plus haute branche. La partie de vous-même qui a les yeux mi-ouverts sent qu’elle est la racine, symbole de la Mère Terre. Quant à l’autre, qui a les yeux mi-clos, elle représente la branche supérieure, le monde de la vision, ou, si vous préférez, le Ciel. Votre conscience se trouve simultanément au niveau le plus élevé et au niveau terrestre, où elle essaie de transformer le monde.
Lorsque vous méditez les yeux mi-clos, vous pratiquez ce que l’on appelle la méditation du lion. Tandis que vous plongez au fond de vous-même, vous concentrez votre attention consciente aussi bien sur le plan physique que sur le plan subconscient. Vous êtes sollicité à la fois par le monde physique, avec son bruit et ses distractions, et par le monde subconscient, le monde du sommeil. Mais vous résistez aux deux.
Dans la méditation, il est très important de respirer correctement. Essayez d’inspirer aussi lentement et calmement que possible, de sorte que si l’on plaçait un fil devant votre nez, il ne bougerait pas. Lorsque vous expirez, essayez de le faire plus lentement encore. Marquez si possible une légère pause entre la fin d’une expiration et le début de l’inspiration suivante. Si vous le pouvez, retenez votre souffle pendant quelques secondes ; mais ne le faites pas si cela vous est difficile. Ne faites jamais rien qui puisse nuire à vos organes ou à votre système respiratoire.
La première chose à laquelle vous devez penser lorsque vous respirez est la pureté. Si en inspirant vous pouvez sentir que votre souffle vient directement de Dieu, de la Pureté même, il en sera plus aisément purifié.
Ensuite, essayez de sentir à chaque inspiration que vous faites entrer dans votre corps une paix infinie. Le contraire de la paix est l’agitation. Lorsque vous expirez, sentez que vous rejetez l’agitation qui est en vous aussi bien que celle qui vous entoure. En respirant de la sorte plusieurs fois de suite, vous vous apercevrez que votre agitation vous abandonne. Essayez ensuite de sentir que vous inspirez la puissance de l’univers. Et lorsque vous expirez, sentez que votre peur quitte votre corps. Essayez d’imaginer que vous inspirez la joie, la joie infinie, et que vous expirez chagrins, souffrances et mélancolie.
Vous pouvez encore essayer une autre méthode. Sentez que ce que vous respirez n’est pas de l’air, mais de l’énergie cosmique ; qu’une énergie cosmique considérable entre en vous à chaque inspiration pour purifier votre corps, votre vital, votre mental et votre cœur. Sentez qu’il n’est pas une parcelle de votre corps qui ne soit inondée par ce flot d’énergie cosmique. Il s’écoule en vous telle une rivière, nettoyant et purifiant votre être tout entier. Puis, lors de l’expiration, sentez que vous rejetez tout ce qui est indésirable en vous, vos pensées non-divines, vos idées sombres, vos actions impures. Vous chassez en expirant tout ce qui en vous n’est pas divin, tout ce que vous ne souhaitez pas posséder.
Cela n’est pas le pranayama traditionnel du yoga, qui est à la fois plus complexe et plus systématique, mais probablement la méthode spirituelle de respiration la plus efficace qui soit.
Si vous pratiquez cette méthode de respiration, vous ne tarderez pas à en récolter les fruits. Au début, vous devrez faire appel à votre imagination, mais bientôt vous verrez et sentirez que tout cela n’est pas imaginaire mais bien réel. Vous inspirerez consciemment l’énergie qui circule autour de vous ; vous purifierez ainsi votre être et viderez votre nature de tout ce qui n’est pas divin en elle. Si vous pouvez respirer de cette manière cinq minutes par jour, vous serez en mesure de progresser très rapidement. Mais vous devrez le faire consciemment, et non machinalement.
Mantra est un mot sanscrit. Dans la philosophie de l’Inde, dans la spiritualité et dans la vie intérieure, les mantras jouent un rôle considérable. Un mantra est une syllabe divinement emplie de puissance. Si l’agitation de votre mental vous empêche d’entrer dans votre méditation la plus profonde, vous pouvez utiliser un mantra : répétez « Suprême », « AUM », ou bien « Dieu » pendant quelques instants. Le plus puissant de tous les mantras est AUM. C’est la mère de tous les mantras. AUM est un son unique et indivisible. C’est la vibration du Suprême, le son-semence qui est à l’origine de l’univers. C’est à partir de ce son que Dieu anima la première vibration de Sa Création. En AUM, à chaque instant, Dieu Se crée Lui-même à nouveau. AUM ne connaît ni naissance ni mort. Dans le passé, le présent et le futur, rien d’autre n’existe que AUM. Il est préférable de chanter AUM à voix haute afin que sa sonorité puisse vibrer jusque dans vos oreilles et emplir votre corps tout entier. Cela convaincra votre mental et vous fera éprouver un sentiment plus profond de joie et d’accomplissement. Lorsque vous chantez AUM à voix haute, le son « M » doit durer au moins trois fois plus longtemps que le son « AU ».
AUM peut se chanter de diverses manières. Si vous le chantez fort, vous ressentirez la Toute-Puissance du Suprême. Si vous le chantez doucement, vous ressentirez la Félicité du Suprême. Et si vous le chantez en silence , vous éprouverez la Paix du Suprême.
Détachez-vous du mental et observez-le. Vous avez beau lire des centaines de pages ou parler à des centaines de personnes, cela ne vous apporte guère l’illumination. Voyez ce que votre mental vous a donné jusqu’à présent, et considérez par ailleurs ce dont vous avez réellement le plus besoin. Vous réaliserez que votre mental n’a pas su combler ce besoin. Puisqu’il vous a déçu, quelle raison avez-vous de vous concentrer sur lui ?
Si vous méditez sur le mental, vous ne parviendrez probablement pas à méditer pendant plus de cinq minutes. Et sur ces cinq minutes, vous ne méditerez puissamment peut-être qu’une seule minute. Vous éprouverez tout d’abord une certaine joie, mais rencontrerez ensuite un désert aride. Tandis que si vous méditez dans le cœur, vous finirez par ressentir une satisfaction tangible. Vous méditerez alors dans le siège même de l’âme. Car s’il est vrai que la lumière et la conscience de l’âme imprègnent le corps tout entier, il n’en existe pas moins un emplacement spécifique où elle demeure la plupart du temps : le cœur. Je ne me réfère évidemment pas ici au cœur physique, qui n’est qu’un muscle parmi d’autres, mais au véritable cœur spirituel. Celui-ci se situe au milieu de la poitrine, au centre de notre existence.
Si vous recherchez l’illumination, vous l’obtiendrez de votre âme, qui réside en votre cœur. Lorsque vous essayez d’établir le calme et la tranquillité dans votre mental, vous vous concentrez. Si vous réussissez à chasser toutes les pensées importunes, votre être intérieur fera tôt ou tard son apparition dans votre vie. Il se tiendra devant vous, tel un soleil éclatant, dissipant le voile des nuages. À présent, votre soleil intérieur est assombri par les nuages des pensées, des idées, des doutes et des craintes. Considérez le mental comme un singe, ou comme un enfant mal élevé. Aussi longtemps qu’il s’approchera de vous, chassez-le ou bien fixez délibérément votre attention sur autre chose. Si vous le laissez vous distraire, il gagnera en force et persistera à vous torturer. Lors de la méditation, il se peut que votre mental vous résiste et vous crée des obstacles supplémentaires. Mais sachez que vous possédez quelque chose qui lui est supérieur : votre cœur. Précipitez le mental et toutes ses possessions dans le cœur.
De même que vous pouvez vous concentrer sur une photographie, une bougie, une flamme ou sur tout autre objet matériel, vous pouvez vous concentrer sur votre cœur spirituel. Quoique vous ne puissiez le regarder de vos yeux, vous pouvez y concentrer toute votre attention. Le pouvoir de votre concentration pénétrera peu à peu dans votre cœur et vous fera sortir complètement du domaine mental.
Imaginez alors quelque chose de très vaste, de calme et de tranquille. Au début de votre méditation, sentez qu’en vous se trouve un vaste océan et que vous plongez jusqu’en ses profondeurs, où tout n’est que quiétude. Si vous parvenez à vous identifier avec ce vaste océan, avec ce flot de tranquillité, il vous deviendra extrêmement facile de méditer.
Gardez les yeux à demi-ouverts et imaginez le vaste ciel. Au début, essayez de vous le représenter devant vous. Puis sentez que vous êtes aussi vaste que lui ; vous êtes devenu le ciel lui-même. Au bout de quelques minutes, fermez les yeux et essayez de vous figurer le ciel à l’intérieur de votre cœur. Sentez alors que vous êtes devenu le Cœur universel, et qu’en vous se trouve le ciel sur lequel vous avez médité et avec lequel vous vous êtes identifié. Le Cœur universel est infiniment plus vaste que le ciel. Aussi pouvez-vous aisément accueillir le ciel en vous-même.