textes de Sri Chinmoy
Lorsque nous pouvons ressentir
Que çà n’est pas notre voix,
Ce ne sont pas nos doigts
Qui s’expriment,
Mais une réalité qui se trouve
Profondément dans notre cœur,
Alors nous saurons qu’il s’agit
De la musique de l’âme.
La musique extérieure
Provient d’un instrument extérieur.
La musique intérieure
Provient du cœur.
Le nom de cette musique intérieure
Est unité.
La musique est le langage intérieur ou bien universel de Dieu. Je ne parle pas le français, ni l’allemand, ni l’italien. Mais si j’entends de la musique, le cœur de la musique entre immédiatement dans mon cœur, ou bien mon cœur entre dans la musique. A ce moment, la communication extérieure n’est pas nécessaire ; la communication intérieure du cœur suffit. Mon cœur communie avec le cœur de la musique et dans notre communion, nous devenons un et inséparables.
L’oiseau-musique est en nous pour y demeurer, pour nous donner de l’amour. L’oiseau-musique est autour de nous pour voler, pour nous donner de la joie.
A partir du moment où la musique est un langage universel, elle n’a pas besoin de s’exprimer dans une langue particulière. Rabindranath Tagore disait : «La musique est la forme la plus pure de l’art, et par conséquent l’expression la plus directe de la beauté, avec une forme et un esprit qui sont uniques et simples, et le moins encombrés possible de choses superficielles. Il semble que la manifestation de l’Infini dans les formes définies de la création est la musique même, silencieuse et visible.»
Notre corps se nourrit soit de légumes soit de viande, soit des deux. Mais la nourriture de notre âme est la musique. Elle l’est sans aucun doute. Même notre nature physique a parfois désespérément besoin de musique.
Ce que Bovee disait est absolument vrai : «La musique est le quatrième besoin matériel de l’homme : le premier étant la nourriture, le second les vêtements, puis l’abri, et enfin la musique.»
Dans la vie spirituelle, juste après la méditation vient la musique, le souffle de la musique. La méditation est silence, qui nous remplit d’énergie et de satisfaction. Le silence est l’expression éloquente de l’inexprimable. Aldous Huxley dit : «Juste après le silence, le prochain moyen d’expression de l’inexprimable est la musique.»
On dit que la musique est une femme qui parle de manière charmante pour ne rien dire. Je réponds que la musique est en vérité une femme qui dit tout de manière divine et qui offre tout sans réserves.
On dit que la musique classique est la musique sans mots ; la musique moderne est la musique sans musique. Je dis que la musique classique est la musique qui dure après que tout ait été chanté ; la musique moderne est la musique qui commence bien avant qu’elle n’ait réellement commencé. Dans la musique classique, nous essayons de voir Dieu l’Au-delà éternel. Dans la musique moderne, nous voyons Dieu l’éternel Maintenant.
La musique est le foyer de notre âme, Dieu est le Musicien Suprême. En Sri Krishna, je vois Dieu le Musicien Suprême. La flûte de Krishna remue la Conscience Universelle. Il joue de Sa flûte. Nous écoutons. Nous faisons plus. Nous remuons la poussière de notre cœur avec la plénitude de Son Âme. Je m’incline devant Sri Krishna, nous nous inclinons devant Lui.
La musique est l’oiseau védique en nous. Cet oiseau s’appelle Suparna. Cet oiseau divin vole dans le firmament de l’Infini, à travers l’Eternité avec le message de l’Immortalité.
Ici sur terre, nous remarquons que les oiseaux ont une capacité infinie de chanter, tandis que nous autres humains devons nous efforcer de développer cette capacité. Tagore prend notre parti :
«Vous avez donné le chant aux oiseaux, les oiseaux vous ont donné le chant en retour. A moi, vous n’avez donné que la voix, et pourtant vous avez demandé plus, alors je chante.»
L’oiseau-poète en Keats, divinement intoxiqué, vole devant moi, devant ma connaissance.
«Qu’est-ce qu’une vision, ou un rêve éveillé ? Cette musique s’est échappée : suis-je éveillé ou endormi ?»